Témoignage d’entrepreneur…

Je vous présente Hugo, jeune entrepreneur.

Hugo a créé son magasin sur Nantes. C’est un spécialiste de l’équipement motard et de l’accessoire moto (www.beepbike44.fr).

Il a aujourd’hui plusieurs employés. C’est une entreprise qui fonctionne.

J’avais très envie depuis plusieurs mois de vous faire partager son expérience au travers son témoignage.

Pourquoi avoir voulu créer ton entreprise ?

1 – grâce tout d’abord à un contexte particulier : un ancien employeur qui m’a fait du chantage, à savoir : soit je m’asseyais sur des années de travail sans compter l’investissement personnel et les heures passées (en dépit de résultats extraordinaires, cet employeur m’a menacé : soit je signais un nouveau contrat de travail réduisant de moitié mon salaire, incluant une clause de non-concurrence, ainsi qu’une délégation de pouvoirs, soit j’étais mis à la porte !

2 – en refusant ce chantage, je passais le cap d’une idée qui avait germé depuis déjà quelque temps : être mon propre patron ! Avant, j’étais gérant. Je tirais les ficelles de l’entreprise, mais pas toutes les ficelles ! l’idée de non seulement tirer toutes les ficelles, mais ensuite de partir de zéro pour créer quelque chose qui n’existe pas, c’est un défi qui me plaisait énormément.
Créer une stratégie d’entreprise, tirer les ficelles avec les comptes bancaires fluctuants et visibles… c’est une autre dimension ! On passe en quelque sorte d’un monde « irréel » (celui de gérant d’une succursale) dans lequel nos décisions ont des répercussions commerciales, mais sans aucune visibilité en amont, à un monde  bien réel dans lequel on s’aperçoit que la moindre dépense, la moindre économie (de fonctionnement, publicitaire, de force humaine etc. ) est impactée sur le bilan, donc sur les résultats éventuels…  ET donc ; directement sur les réinvestissements de la société ou encore notre salaire direct (dividendes par exemple).
Certains comparent cela à un « bébé », ce n’est pas mon cas, mais si on sort du côté humain : certaines similitudes existent. On part d’absolument rien, et puis il y a une entité qui évolue. La similitude se poursuit notamment dans le côté responsabilité, l’enseignement de valeurs…
Je m’égare du sujet…

3 – être mon propre patron c’est aussi inclure la notion de « liberté », récolter directement (ou pas) le fruit de son travail, et non plus à travers un bulletin de salaire.

4 – enfin, pour être honnête : c’est également pour ne plus être à la merci de dirigeants malhonnêtes…

Quels sont les côtés positifs de cette aventure ?

ils sont absolument nombreux quand l’ entreprise dégage un résultat positif.

– il y a tout d’abord la formidable aventure humaine me concernant : pas moins de 50 bénévoles ont participé de manière spontanée à la construction de ma petite entreprise. Cet incroyable élan de solidarité a permis de faire des économies énormes liées aux investissements de départ, et donc de faire partir la boîte avec une trésorerie permettant un lancement idéal ! (avoir une bonne trésorerie de départ ne permet pas seulement de gonfler son stock ou d’investir dans de la publicité ; cela permet de lutter contre le danger numéro un : le stress…  et donc de ne surtout pas le faire ressentir à son équipe, d’être détendu et souriant… ce qu’attendent les collaborateurs et les clients !

–  il y a bien évidemment la liberté de travail concernant les horaires (après quelques temps, bien évidemment, et selon l’expérience du créateur au départ, ainsi que les résultats de l’entreprise ensuite). Dans mon cas personnel, j’ai pu privilégier le temps passé avec ma fille, chose que je n’aurais absolument pas pu faire étant salarié.

– on retrouve bien évidemment le fait de ne plus avoir de patron.

– en résumé : je peux aujourd’hui privilégier ma qualité de vie, et ne plus la voir comme fonction d’un salaire qui m’est donné avec un espace-temps familial réduit (vacances, week-ends…).

Quels sont les défis que tu as eu à relever et quelles ont été tes difficultés ?

– ma première et plus grande difficulté était de trouver un local commercial en périphérie urbaine de Nantes à cet endroit-là très précisément… les travaux d’aménagement du centre-ville qui tendent à le rendre piéton, ont conduit la mairie à établir un arrêté : il n’était désormais plus autorisé d’implanter une surface commerciale en périphérie urbaine. Seules les reprises de commerces existants étaient autorisées. Conséquences : local commercial impossible à trouver et flambée des loyers car pénurie tout simplement… (difficile comme contexte pour une petite entreprise)

– la deuxième difficulté était de faire connaître le magasin. Nous sommes complètement invisibles de n’importe quel axe routier, il faut user des réseaux et de la publicité.

– la troisième : la législation, et les normes en vigueur à respecter.

– la quatrième : la concurrence qui n’a pas vu notre arrivée d’un bon œil.

– la banque n’a pas été une difficulté à partir du moment où le CV est garni de résultats positifs, la clientèle est déjà existante, et le dossier présenté est structuré, cohérent, et tout à fait plausible. Autrement, et pour la plupart des cas dans le contexte actuel : c’est difficile !

– aujourd’hui, les plus grosses difficultés sont parfois liées (comme toujours) au facteur humain (gestion du personnel), à la crise qui touche de plein fouet les loisirs, à la transformation du commerce : la concurrence « déloyale » d’Internet : un exemple extrême pour la forme : quoi de plus démotivant que quelqu’un qui vient prendre le temps et les conseils dans votre boutique, pour ensuite aller acheter sur Internet car il a vu un prix défiant toute concurrence ? (Fort heureusement, cela arrive très rarement je pense).

Enfin : l’une des difficultés majeures aujourd’hui, sans doute la plus grosse difficulté est la pression fiscale. Que ce soit sur les salaires des employés, sur les revenus des dirigeants, sur tout et n’importe quoi : une multitude d’impôts et de taxes qui nous font travailler, prendre des risques car nous n’avons plus de chômage ni de retraite… uniquement pour renverser la quasi-totalité du fruit de notre travail à l’État. Certaines taxes sont mêmes complètement aléatoires, et ne se basent sur absolument rien de concret (exemple : une très grosse partie de la cotisation foncière des entreprises) ?

Entrepreneur au quotidien, quelle est ta vie ?

– la mienne est un peu particulière, car j’ai fait le choix de privilégier momentanément mon confort de vie privée. Je préfère réinvestir les résultats dans l’entreprise (masse salariale notamment).

– après, il n’y a pas de quotidiens type de l’entrepreneur car cela dépend vraiment des résultats de l’entreprise, des convictions de chacun, de sa capacité à gérer le stress, à faire le distinguo entre vie professionnelle et vie personnelle.

Pour répondre à ta question : personnellement je n’échangerais ma situation que contre très peu d’autres.. Je suis très épanoui dans mon travail, et j’adore ce que je fais.

Il faut simplement savoir que les problèmes liés au recrutement, à nos collaborateurs émanent de divergences de points de vue et d’opinion. Tout le monde n’a pas la même façon de penser, tout le monde n’a pas accès aux mêmes informations, tout le monde ne connaît pas les contraintes liées au bon fonctionnement d’une entreprise. Les conflits que l’on peut avoir doivent rester un maximum à l’intérieur de l’entreprise, et non pas au domicile. (inapplicable, mais il faut tendre vers ce but)

Conseillerais-tu, avec le recul que tu commences à avoir, à un ami ou une connaissance, de se lancer dans le commerce ?

Étant donné la conjoncture et les charges qui sont de plus en plus lourdes pour les sociétés : non.

Éventuellement, si le créateur se porte vers un marché niche, ou vers un marché non affecté par la crise (le luxe), ou bien quelque chose qui n’existe pas encore (innovant) : alors là oui ! Il faut foncer !

Je remercie Hugo d’avoir pris le temps de répondre à mes questions et de partager avec nous son expérience. Je lui souhaite plein de réussite dans cette aventure entrepreneuriale. N’hésitez pas à le rencontrer dans son magasin sur Nantes (route de Vannes : BEEPBIKE Nantes 296 Route de Vannes, 44700 Orvault, tel : 02 28 27 27 16). Hugo et son équipe sont là pour vous accueillir et ils le font bien.

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2 réflexions au sujet de “Témoignage d’entrepreneur…”

  1. Salut,

    je suis friand de ce genre d’articles, surtout quand ils présentent des entreprises et des entrepreneurs qui ont réussi.

    Il faut dire ici que c’était presque un « non-choix » pour lui, vu les termes offerts par son ancien patron.

    En tous cas, bonne continuation à lui !

    Répondre
    • @ Guilhem

      J’aime bien également ces articles sous forme de témoignage qui évoquent une expérience réussi.

      Je connaissais déjà Hugo à cette époque difficile. Il n’a pas détaillé son vécu avec son ancien employeur car il peut écrire un livre sur le sujet.
      Cette expérience l’a renforcée et l’a poussé à créer sa boite. En parallèle, il a gagné au prud’homme contre son ancien patron.

      Hugo est dynamique, intelligent et il possède un grand sens du commerce.
      Aujourd’hui, en étant son propre patron, il peut l’exprimer pleinement.

      Répondre

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